MATRICE CD
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MATRICE
Label DAC Records

Sortie en mai 2012
Photo : Sébastien Monchal

Pour se procurer le CD : ICI

« Annabelle Playe a travaillé avec toutes sortes de compositeurs (...) elle fait des choses tout à fait étonnantes » (...) « ce disque remarquable » (...) « d’une artiste protéiforme puisqu’elle est à la fois chanteuse soprano, électroacousticienne et écrivain » (...) « Une musique vraiment impressionnante ».
FRANCE MUSIQUE - Electromania - 12 juin 2012
Christophe Bourseiller, David Jisse, Christian Zanesi

« L’atmosphère de la « Matrice » d’Annabelle Playe que je qualifierais sans hésiter de berlinoise, au sens que lui avait donné Gilles Aubry sur son intrigant « s6T8r » - telle une sombre menace post-industrielle à fleur de peau. » RIF RAF

CHRONIQUE VITAL WEEKLY - number 834
A new name from France, Annabelle Playe, a composer of electro-acoustic music, but who is also a soprano singer and a writer.
"Matrice" is her first album. Fourteen pieces in forty-eight minutes is not exactly what one expects from an electro-acoustic composer, as its perhaps more the length of a bunch of pop songs. She is not a traditional composer anyway. Playe’s work is more along the lines of noise with a much more intelligent perspective. She uses synthesizer sounds, electronics, laptop - well, I am not sure anyway, as no such things are mentioned on the cover - and has a rather harsh sound. I wouldn’t be too surprised to learn that she uses a lot of the current small synthesizers available (monotron and such like) to create a angular sound. Fourteen pieces, ranging from one to six minutes of loud music, with swift and abrupt changes here and there, which only in the last piece seems to be quietening down a bit. Its also one of the few pieces in which we hear some other sound sources, such as radio and perhaps contact microphones. Despite being a soprano singer, she doesn’t her voice that much in this work. Only on a few occasions, unless it has been transformed to such an extended that I can’t recognize it. Quite a tour de force this one, but its noise of the kind that I enjoy quite a lot. Its loud but thoughtful and composed.

Destination Moon by Ed Pinsent
French musician Annabelle Playe has contributed elements to some of Franck Vigroux’s recordings in the past, but here she is with her own solo album on his label composed and performed by herself, and simply called Matrice (DAC 2011), a suite of instrumental music in ten named parts. Very strong and robust electro-acoustic tones beam forth like lasers. We are advised the music is deliberately constructed to shade into noisier territories, and as such it fits perfectly into Vigroux’s paranoid and darkened world-view. Playe uses voice samples (her own perhaps, as she is also a singer) and field recordings to add intriguing details, but the bulk of the canvas is occupied by her confident impasto gestures of digital sound, ranging from the heavy layers of solidified drone to the scratchy etch-marks of hyper-busy distorted glitchery. We also find much to admire in her compactness, streaming out rich quantities of data in short tracks, some of which are only 60 or 90 seconds in duration, yet they limn the surface of an alien planet as efficiently as any scanning device built by NASA.

CHRONIQUE [BA 74 rbd]
Anders als Skandinavierinnen oder auch ihre Cousinen in Quebec scheinen Französinnen ein eher geziertes Verhältnis zur Kakophonie zu haben. Von ANNABELLE PLAYE kann man das allerdings nicht sagen. Bei "Matrice" (DAC 2011) kracht, furzt, tuckert, jault, sirrt, pocht und zwitschert es aus allen Ritzen ihrer Matrizen. Oder soll ich bei "Matrice" an Gebärmutter denken ? Playe ist gelernte Komponistin und Sopranistin, im Vokalduo Glossophonie(s) z. B. singt, ach was, performt sie in schicken Inszenierungen Berio, Cage, Aperghis etc, aber auch Renaissancemusik, und daneben macht sie eigene Musiken für Theater oder Videos. Hier spielt die Stimme aber kaum eine Rolle, ein paar gesprochene oder geflüsterte Worte nur und kurz mal Vokalisation, die sich schnell in ihre Bestandteile auflöst. Ansonsten dominiert Action Painting oder Pingpong mit Klang und Geräuschpartikeln. Gegenständliches ist selten - Glocken, Motorräder auf der Rennbahn, Frösche, Grillen, Insekten, schrille Möven, kaum erkannt, schon zerstäubt. Die Natur ist ebenso molekularisiert wie der Alltag, aufgelöst in Abstraktion, in Stress, in Alarm, Videospielgeballer, aber auch in sublime, träumerische Passagen. Was ist hier Gussform, was das Ge-formte, aus der Form Befreite ?

CHRONIQUE VITAL WEEKLY - number 834
Un nouveau nom français, Annabelle Playe, compositrice de musique électroacoustique, mais aussi soprano et écrivain. « Matrice » est son premier album. Quatorze pièces en quarante-huit minutes n’est pas exactement ce qu’on attend d’une compositrice électroacoustique, « Matrice » se rapprocherait davantage d’un bouquet de chansons pop. Mais, elle n’est pas une compositrice traditionnelle de toute façon. Le travail d’Annabelle Playe consiste à faire évoluer des lignes de bruit avec une perspective intelligente. Elle utilise des sons de synthétiseur, de l’électronique, ordinateur portable - je n’en suis pas sûr, très peu de choses sont mentionnées sur la couverture - et a un son un peu dur. Je ne serais pas trop surpris d’apprendre qu’elle utilise beaucoup de synthétiseurs actuels disponibles (monotron, etc) pour créer un son angulaire. Quatorze morceaux, allant de une à six minutes de musique forte, avec des changements rapides et brusques, çà et là, qui seulement dans la dernière pièce, semble se calmer un peu. Celle-ci est l’une des rares pièces où l’on entend certaines autres sources sonores, telles que la radio et peut-être des microphones. En dépit d’être une soprano, elle utilise peu sa voix dans cet album. Seulement à quelques reprises, à moins qu’elle n’ait été transformée en une telle étendue que je ne peux pas reconnaître. Un tour de force, mais le bruit de la nature que j’aime beaucoup. Son fort, mais réfléchi et composé. (FDW)

Destination Moon by Ed Pinsent
La musicienne française Annabelle Playe a participé à certains enregistrements de Franck Vigroux par le passé, mais la voici avec son propre album solo sur son label, composé et interprété par elle-même, et simplement intitulé Matrice (DAC 2011), une suite de musique instrumentale en dix parties. Des sons électro-acoustiques très forts et robustes rayonnent comme des lasers. Nous notons que la musique est délibérément construite pour créer des territoires bruyants, et qu’elle s’inscrit donc parfaitement dans la vision paranoïaque et obscurcie du monde de Vigroux. Playe utilise des échantillons de voix (les siens peut-être, puisqu’elle est aussi chanteuse) et des enregistrements pour ajouter des détails intrigants, mais la plus grande partie de la toile est occupée par ses gestes confiants d’empâtement du son numérique, allant des lourdes couches de bourdon solidifié aux marques d’attaque grattées de glitchs déformées hyper-travaillées. Nous trouvons également beaucoup à admirer dans sa compacité, qui diffuse en continu de riches quantités de données sur de courtes pistes, dont certaines ne durent que 60 ou 90 secondes, et qui pourtant liment la surface d’une planète étrangère aussi efficacement que n’importe quel dispositif construit par la NASA.

CHRONIQUE [BA 74 rbd]
Contrairement aux scandinaves ou à leurs cousines du Québec, les françaises ont une affectation pour la cacophonie. Ce qu’on ne peut pas dire pour Annabelle Playe, cependant. Dans Matrice (CAD 2011) des pannes, pétant, chugs, gémissements, bourdonnements, des pépiements comme autant de crevasses dans leurs matrices. Ou dois-je penser à « matrice » dans l’utérus ? Annabelle Playe est soprano, interprète Berio, Cage, Aperghis, etc, mais aussi de la musique de la Renaissance. Elle crée également sa propre musique pour le théâtre ou la vidéo. Ici, la voix joue un rôle mineur, quelques mots chuchotés parlés ou seulement brièvement vocalisés et parfois qui se dissout rapidement dans leurs composants. Sinon dominée par l’action painting ou le ping-pong avec le bruit et les particules de bruit. Représentation de rares cloches, motos sur la piste, les grenouilles, grillons, insectes, mouettes criardes, à peine reconnus, même atomisés. La nature est juste comme les risques de la molécule quotidienne dissoute dans l’abstraction, dans le stress, en alarme, jeux vidéos, mais aussi sublime avec des passages oniriques. Comment ici le moule de la forme s’émancipe et se libère...