Delta Charlie Delta
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DELTA CHARLIE DELTA est nominé au Grand prix de littérature dramatique. Il est lauréat du prix « Collidram » 2017 (prix national pour la littérature dramatique des collégiens). Il est également sélectionné pour le Prix Godot des lycéens 2017 (Panta Théâtre, Caen), et sélectionné par les comités de lecture du TNS (2017), du collectif « À mots découverts » (2016), du Théâtre Poche/GVE de Genève (2016), du Théâtre Actuel et Public de Strasbourg (2018). En 2019, le texte reçoit le Prix Émergences, Prix des lycées professionnels – Académie d’Orléans - Tours.

DELTA CHARLIE DELTA est lauréat de la Commission nationale d’Aide à la création de textes dramatiques - Artcena. Annabelle Playe a reçu le fond SACD « Musique de Scène » pour la composition musicale du spectacle.

Justine Simonot : mise en scène
Pierre Longuenesse : collaboration artistique
Annabelle Playe : composition musicale et collaboration vocale
Jean-Gabriel Valot : création lumière
Sandrine Righieschi : conseillère costume
Xavier Kuentz, Zacharie Lorent, Annabelle Playe, Alexandre Prince, Clotilde Ramondou, Catherine Salvini : interprétation

Un soir d’octobre. Trois enfants courent parce que la police court derrière eux. Ils se réfugient dans un transformateur. Un policier voit, n’alerte pas. Deux enfants meurent. Un survit. 32 minutes de course poursuite insensée, où « tout le monde court parce que tout le monde court » ; 39 minutes et 43 secondes que les trois jeunes auront passées dans le transformateur de Clichy-sous-Bois ; cinq jours de procès dix ans après les faits.

Dans un tempo ciselé, DELTA CHARLIE DELTA joue, noue et dénoue ce temps ; il y convoque la parole, les mots, les voix, les silences. Delta Charlie Delta, c’est une histoire de voix, de corps, absents aux autres, convoqués par les mots. C’est aussi une histoire de médias, de transmission et re-transmission, de convocation, de temporalités, de mots, de silences. Delta Charlie Delta a été écrit à partir des tweets des journalistes assistant au procès de 2015 : 140 caractères pour rendre compte, des copies d’écran pour suivre le déroulé, entendre à travers 140 caractères les récits, les compte rendus, les enregistrements de dix ans auparavant.

Le Chroniqueur, comme un coryphée, nous donne à voir, entrapercevoir les ombres de ce qui reste, de ceux qui restent : il donne le rythme, il choisit qui prononcera les mots, et quels mots prononcer.
Il met en jeu les voix, leur musique, l’espace sonore de ces voix : espace autour, mais aussi espace dedans, le corps qui prononce. Les corps de deux enfants morts, des policiers, du survivant, à l’intérieur de la radio de la police, dans l’espace réduit du transformateur, au tribunal. Le Chroniqueur convoque la parole, à travers ces corps et ces voix, ou plutôt lui donne corps. Il est l’interface entre eux et nous, il met les mots, les provoque et les convoque. Il est le maître du temps, le maître des lieux et de ce qu’il nous donne à voir. Paroles lointaines, entendues, imaginées, transcrites et retranscrites, où poétique et politique se croisent et s’entrechoquent.
Un espace restreint, des mots comptés, dans l’urgence de la nécessité de rendre compte.

Justine Simonot

Dates

4 février 2020 : Moulin du Roc, Scène Nationale de Niort (79)
7 mars 2019 : Théâtre la Ruche - Arras (62)
21 février 2019 : Théâtre le Périscope - Nîmes (30)
19 février 2019 : Scènes Croisées de Lozère - Marvejols (48)
12 février 2019 : L’Empreinte - Scène Nationale, Brive-la-Gaillarde (19)
10 janvier 2019 : Théâtre de la Tête Noire - Scène conventionnée, Saran (45)
5 au 10 novembre 2018 : Anis Gras, le lieu de l’autre - Arcueil (94)
10 au 13 mai 2018 : Théâtre de l’Échangeur - Bagnolet (93)

Presse

Jean-Pierre HAN - Frictions - 28 octobre 2018
(...) Le travail de composition et d’écriture de Michel Simonot qui élève le fait divers à une véritable tragédie des temps modernes qui, comme celles des temps anciens, pose la question du fonctionnement du pouvoir et de la démocratie (...).
(...) Il appartenait à Justine Simonot efficacement aidée par Pierre Longuenesse, notamment sur l’aspect musical et rythmique du spectacle – l’œuvre de Michel Simonot est un oratorio en 7 chants, de tenter la gageure, c’en était une, de porter ce texte à la scène.
(...) Belle et forte réponse donc sur le plateau nu qu’arpentent dans de subtils déplacements (avec des focales sur tel ou tel personnage ou plutôt sur telle ou telle voix) les six comédiens dans un tempo de choralité assumée, sous la ferme direction de Clotilde Ramondou en coryphée à la voix grave, vraie représentante du peuple. Deux jeunes comédiens, Zacharie Lorent et Alexandre Prince, des révélations, prennent en charge avec une discrète assurance les paroles des jeunes victimes (...)
Les tableaux bougent, changent dans des sortes de glissements, de lent tourbillon qui saisissent le spectateur, mais qui refusent dans le même temps de l’embarquer totalement pour lui laisser le temps de la réflexion, ce qui est bien l’essentiel. Saisissant.

Gilles COSTAZ - Politis - 8 novembre 2018
Tout en se souvenant de ses grands ancêtres, qui s’appelaient Eschyle et Sophocle, Simonot a épluché les comptes rendus et suivi le procès. Il a dégagé tous les éléments saillants et fait se succéder, en scènes condensées, le drame central, la fureur des habitants de Clichy-sous-Bois, la justice en action, qui, tardivement, relaxe les policiers (...). Un coryphée, joué par une actrice remarquable, Clotilde Ramondou, proclame tout ce qui doit être partagé par des citoyens démocrates et exige justice et compassion. Les autres acteurs, Xavier Kuentz, Zacharie Lorent, Alexandre Prince et Catherine Salvini, avec la musicienne Annabelle Playe, aux chants très rythmés, incarnent une humanité contradictoire. La forte et nerveuse mise en scène de Justine Simonot déplace ce monde bouleversé dans une agora nocturne traversée de lumières. Voilà du grand théâtre politique dont on s’étonne qu’il ne soit pas plus représenté en France, d’un lieu subventionné à l’autre.

Pierre MONASTIER - Profession Spectacle - 9 novembre 2018
Chef-d’œuvre électrique. Un beau et véritable drame, servi par des comédiens remarquables, une musique tout en subtile tension et une mise en scène d’une réelle finesse, signée Justine Simonot. (...) La construction riche et complexe du récit nous plonge dans une fatalité, qui ne relève pas uniquement du procès, également mis en scène, mais davantage de la tragédie antique : les faits s’enchaînent irrémédiablement, impitoyablement, jusqu’à l’issue finale que nous connaissons déjà, parce qu’historique (...).
(...) En plus d’être un drame contemporain quasi parfait, Delta Charlie Delta porte en son centre une puissante réflexion sur la parole, sur son statut et ses conséquences (...).
(...) Impressionnante Clotilde Ramondou en “chroni-choeur” aux accents immémoriaux. Subtil Alexandre Prince qui interprète Muhittin, le survivant, entre adolescence puérile et brisure irréfragable. Catherine Salvini en juge, Xavier Kuentz en policier, Zacharie Laurent dans le rôle d’un jeune mort (...).
(...) Présente sur scène, Annabelle Playe se fait l’écho des comédiens, soulignant le contour des mots, portant la tension jusqu’à l’éclair (...).
(...) Justine Simonot nous donne de percevoir une dimension que le texte couché ne disait pas : par cette voix qui demeure au-delà de la saturation médiatique, au-delà de l’obscurité et de l’oubli, au delà de la terrible électrocution historique, tout désormais éteint, Muhittin le survivant muet existe enfin.

Production

Production : Compagnie du Samovar - AnA Compagnie
Soutiens : Ministère de la Culture - DRAC Ile de France, Conseil Régional d’Ile de France, Conseil Départemental de l’Essonne, Ville d’Arcueil (94), Fonds SACD musique de scène, SPEDIDAM.
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National.
Résidences de création au Grand Parquet-Théâtre Paris Villette, à la Maison des Métallos, et à Anis-Gras, le lieu de l’autre (Arcueil)